Table Ronde « Musique Libre, Téléchargement et Droit d’Auteur : les nouveaux contours de la musique »

 

En partenariat avec Radio Fil de l’Eau
Dans le cadre du 3ème cycle des premières Rencontres Numériques du Pays des Portes de Gascogne

Présenté par deux des co-présidents de l’association Des Gens Qui Font Des Trucs, organisateurs du festival Comme Une Envie : Laurent Lefebvre et Jérémy Collot, lui-même membre du Parti Pirate Occitanie qui milite notamment pour une réforme du droit d’auteur.

Avec :

  • Aurélie Bégou, chargé de Culture Pays Portes de Gascogne,
  • Duval MC, rappeur altermondialiste marseillais,
  • Kévin et Lilial, du groupe Graines de Sel,
  • Alain Imbaud, président de l’association MusiqueLibre / Dogmazic
  • Marc Lavastrou du collectif SavoirsCom1

Et, pour l’occasion, la retranscription du texte lu par DuvalMC

Si on parle de droit d’auteur et a fortiori de propriété intellectuelle, rien que les termes en eux-mêmes, ils me donnent plein d’idées, plein de réflexions parce que j’ai plein d’interrogations. J’ai noté un peu des trucs et j’avais une question d’abord. Avant de parler de droit d’auteur, je me disais, mais qu’est-ce qu’un auteur déjà pour revenir à la base ? Faire un petit peu d’étymologie, ça ne fait pas de mal. Ça nous renvoie vers le mot latin augere qui signifie croître, développer, augmenter ou encore exalter. Mais l’origine viendrait peut-être du mot augure dont la signification serait ici « celui qui fonde, qui établit ». En d’autres termes, j’ai envie de dire, « celui qui fait autorité ». Et oui, parce que c’est quand même la même famille, auteur et autorité, c’est ça qui me fait pas mal gamberger. Je trouve qu’il y a une analogie entre ces mots qui est assez intéressante intellectuellement. Ce qui produit du langage, qui écrit ou qui dit quelque chose dans l’espace intermédiaire entre lui et ceux qui l’écoutent, ça peut être celui qui inter-dit; en deux mots ou avec un tiret. Et là, on arrive sur le mot interdit. Ou qui autorise, un auteur, voilà. En fait, on est tous auteurs dans la vie avec nos gamins, enfin voilà… Quand on pose un verbe, on pose une parole quelque part, on est susceptible d’interdire ou d’autoriser. En tout cas, le rapport entre auteur et autorité, à mon sens, ### grave intéressant.

Donc un auteur, c’est, dans le sens commun, quelqu’un qui écrit quelque chose. On est d’accord un peu là dessus, en gros, un auteur, voilà ? Ça peut être une pièce de théâtre, un film, une musique, voilà, un auteur… Mais, je me suis dit, en réfléchissant sur cette question, pourquoi il n’a pas de verbe ce joli mot, « auteur » ? Parce qu’un conducteur, il a le verbe conduire; une institutrice, elle a le verbe instruire. Alors pourquoi un auteur, il est obligé d’utiliser le verbe « écrire » ? Nous, les auteurs, on n’a même pas de verbe ! On ne peut pas « auter ». On ne peut pas « auterer ». On pourrait à la rigueur « autoriser » mais, bon, c’est pas le même sens. Alors, si déjà à la base, on n’a même pas le droit à un verbe, c’est quand même de mauvaise augure pour espérer un jour avoir des droits d’auteur !

Alors à quoi un auteur à droit ? En premier lieu, il  pourrait éventuellement avoir le droit de vivre. Avoir le droit à une certaine rémunération. Mais pour avoir droit à des thunes, il va falloir qu’il soit adroit, l’auteur. Adroit pour avoir des revenus, pour faire les papiers, administratifs… Bon, c’est clair qu’il faut être habile avec la paperasse. C’est pour ça qu’un auteur a toujours un stylo habile avec lui. Et puisqu’on parle de thunes, je crois que le droit d’auteur a été longtemps une fausse solution à un vrai problème. On s’est servi du système combiné du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle pour payer les producteurs d’idées, artistes ou autres. Alors, moi perso, j’ai pas d’idée sur comment faire autrement. Tout ce que je sais, c’est que toute la société est concernée par le fait qu’un artiste doit d’une certaine manière ou d’une autre tirer des revenus de son activité. La société peut décider de donner à certaines conditions mais elle ne peut pas nier l’utilité sociale de types, d’hommes et de femmes qui ont l’air de ne faire que s’amuser puisqu’ils amusent les autres, mais qu’en fait, ils bossent aussi et ils ont les mêmes loyers à payer à la fin du mois, n’est-ce pas les Graines de Sel; ils doivent aussi faire le plein, payer des amendes et ils ont aussi des cantines ou des Lamborghini à payer comme tout le monde. Alors, on ne peut pas parler lucidement des moyens de subsistance des artistes dans un champ de perception où l’on ne voit que les notoriétés et pas les budgets promo. On y reviendra, c’est un petit peu complexe.

Concrètement, si les artistes vivent encore de leur art, malgré la révolution numérique, c’est qu’ils vendent encore des trucs. Là, je parle plus des musiciens. Donc, du spectacle vivant, du streaming, des tee-shirts, des produits. Mais le droit d’auteur, c’est pas qu’une histoire de thune, c’est aussi une histoire de filiation et de paternité d’idée. Tiens, c’est marrant, on parle jamais de maternité d’idée. Et si on parlait de parentalité des idées, ça donnerait quoi ? Je sais pas… Peut-être un champ de réflexion pour les assos ici présentes. Et pour conclure, j’avais cette phrase qui finalement m’a pas inspirée alors j’avais quelqu’un, j’aurais dit Marx mais je ne suis pas sûr de la maternité de cette assertion, disait « La propriété, c’est le vol mais moi, je reste à vie fascinée par la proposition à tiroir de la proposition suivante : une bonne idée n’a pas d’auteur ! »

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